Déjeuner en paix - Alkyòne.Aimé

.Tu poussais les portes de la Maison Rose, tes talons claquent sur le sol de bonne facture, et dans ton élan les pans de ton trench blanc se mouvaient avec toi. Détail de taille, un rappel de tous les jours pour les survivants de Glasc Industries, du jour où Horazi et toi avaient pris le pouvoir de cette entreprise de grande envergure.

Ton sourire était léger : tu le distribuais aux employés de la maison close qui n’étaient guère étonnés de te voir ici. Tu y passais souvent, pour plaisir ou affaires, souvent pour affaires (vive le déni). Toujours à des horaires décalés, mais plus souvent la nuit, que le matin, si tôt.

Tu souris, véritablement amusé, en voyant la réaction d’Aimé en te voyant. Et plus tu t’approches, plus tu sens cette vague de pouvoir venir hérisser tes poils.. ce même pouvoir se glisser en toi, et glisser ce sourire si simple à avoir en présence d’Aimé et d’Amour. Es-tu heureuse ? Presque. C’est peut-être bien pour cela que tu passes trop de temps ici.

Tu échappes un léger rire, et t’approches de lui pour lui coller un vague baiser sur la joue. « Heureuse de voir que tu as toujours autant de plaisir à me voir.[/colo Je ne m’en lasserais jamais, mon tout doux. » Tu déposais la valise que tu tenais sur une chaise libre à la table d’Aimé. « Je me joins à toi, évidemment ! Je me suis dis qu’une telle surprise te ferais plaisir ! » Et quand bien même n’était-ce pas le cas, tu étais là. Doucement, tu prenais une autre chaise pour t’installer face à lui.

Sans que tu n’ai rien à dire, comme si tu appartenais toi aussi à l’établissement, Maurice venait déposer une assiette, des couverts et un verre de jus d’orange pressé devant toi. Tu le remerciais d’un grand sourire, que tu n’avais qu’en compagnie d’Aimé - ou lorsque l’alcool ou la drogue te ravageaient.

Bien sûr, tu avais des choses à lui montrer, à discuter, mais le plaisir avant les affaires !

« Alors dis-moi, que te réserves cette belle journée ? »

« J’adore les surprises ! » Parfois il te faisait réellement penser à un enfant capable de s’émerveiller de tout et de s'entousiasmer d’un rien. Tu lui enviais cette capacité, pourtant, lorsque tu étais à ses côtés tu en étais capable aussi : tu savais que cela ne venait pas de toi. La vie était bien plus face et terne sans lui. « J’en ai une seconde en réserve. » Mais tu n’en dirais pas plus pour l’instant.

A la mention des crêpes, tu ne faisais que sourire légèrement, réellement amusée. Aimé était toujours une véritable tornade colorée ; tu remarquais toujours son absence, comme les autres, clients comme employés. C’était bien là un problème qu’il avait pris le temps de t’expliquer en long, en large et en travers lors d’une précédente rencontre.

« Tu veux venir avec moi ? » Et décaler, annuler, déléguer ? Tu en connaissais un qui allait passer la journée à bougonner contre toi, encore… Pourtant, n’est-ce pas cette personne qui t'avait dit de prendre grand soin de tes alliances, et de tes marchés ? VYX était l’un de tes principaux clients, tu ne pouvais pas le réfuter. Mieux encore, Aimé était un allié de taille que tu préférais garder dans ta poche et vous partagiez des objectifs communs… « Pourquoi pas. » Et puis l’idée de rester à ses côtés, évidemment que c’était cruellement tentant. « Tes employés vont peut-être pouvoir nous faire part de leurs besoins.. » En produit, que Glasc Industries pourrait fournir, des idées, des challenges pour tes chimistes. De l’argent pour toi à réinvestir.

A la suite par contre, tu manquais de t’étouffer dans ton jus d’orange, et vint tousser dans ta serviette. Ok. Evidemment, tu connaissais l’existence telle une légende urbaine de cette dite Maison, mais… Finalement, non, tu ne préférais pas imaginer cela. VYX offrait pour tous les goûts, et ces goûts là, tu ne les partageais pas. « Effectivement, très cocasse comme plainte… Je préfère les miennes finalement… » Des accidents, des blessures, des incendies, des explosions, des déformations, oh, c’était si courant… Mais ça ? Non, jamais, effectivement.

Tu échappais un léger rire, si léger, si libérée au vol de crêpe dans ton assiette et attrapais ce que tu désirais : « Du citron, évidemment. »
Tu t’en léchais déjà les doigts, alors que tu relevais tes yeux vers Aimé. « Je crois qu’en 20 ans, ici, je n’ai du visité que deux de tes Maisons, et surtout celle-ci. » Tu essuyais tes doigts sur ta serviette, avant de pivoter pour attraper ta valisette noire. Tu la posais sur la table et l'ouvrais pour sortir une boite noire légèrement brillante avec le logo de Glasc Industries en lettres creuses roses. Tu attrapais la boite pour la glisser devant Aimé, un sourire aux lèvres.

C’était une commande spéciale, une exclusivité négociée par VYX, pour VYX. Un substrat, de quoi booster ses affaires, surtout dans les Maisons dans lesquelles il ne se trouvait pas.
A l’intérieur de la boîte trônait au centre un petit flacon. « Ne l’essaie pas sur nous, je te prie. Je veux bien néanmoins le voir à l'œuvre… Pour l’instant c’est à vaporiser sur tes hôtes. Celui-ci n’a pas encore d’odeur. » Des minuscules fioles étaient en dessous, chacune de couleur différentes. « Et des propositions de parfums. Tu peux les sentir si tu veux, si tu as déjà des préférences. » Evidemment, l’idée par la suite serait de pouvoir le décliner en encens, bougies, crème, parfum, pour que chaque hôte et hôtesse puisse attirer et exciter davantage les clients.. Seulement, l’excitation ne se choisissait pas, après tout, peut-être que cela fonctionnerait encore mieux entre hôtes.. Tu n’en savais rien, tu ne l’avais pas testé dans toutes les combinaisons possibles après tout… Ca, cela regardait Aimé.