Les affaires commencent feat Alkyòne Psar`à

La promenade… Il y a encore peu de temps, je n’avais jamais mis les pieds ici, restant dans les bas-fonds de Zaun. Même si nous sommes encore loin du tape-à-l’oeil sans limite de Piltover, cela reste le quartier le plus riche de notre cité. Je ne pensais pas avoir les moyens de pouvoir me rendre en ces lieux un jour quand j’étais gamin et pourtant… Me voici dans le restaurant le plus chic possible. Entre les Zauniens les plus aisés et les autres qui devraient être refusés, vous savez de qui je parle, je ne me sens pas vraiment à ma place. Un des problèmes en tant que nouveau riche, le syndrome de l’imposteur peut se faire sentir. Je chasse vite cette idée de ma tête pour ne jamais faiblir, je ne dois plus penser au passé, le futur est bien trop important.

Qu’est ce qu’on fait ici mon petit Jacky ?

Je la trouvais bien silencieuse jusqu’à maintenant, mais voilà que Naafiri fait son apparition. Toujours dans ma tête, je sens sa présence en permanence, je ne l’oublie jamais, mais il faut avouer que son silence est parfois très agréable.

J’ai rendez-vous avec Alkyone… Et avant que tu t'énerves, c’est pour affaire, si nous voulons semer la destruction autour de nous, nous avons besoin des autres gangs de Zaun.

QUOIII ?! JE VAIS LA TUER, LA DÉTRUIRE, L’EXTERMINER !!!

Et voilà, tu me refais une crise là ? Vraiment ? Tu comprends le mot “AFFAIRE” ?

TA GUEULE !!!

Un bref instant, je n’ai plus senti le contrôle de mon corps, mes yeux devenant jaunes, mon corps commencant à trembler, à vouloir frapper tous les gens autour de moi. J’arrive vite à reprendre mes esprits avant qu’un massacre n'ait lieu. J’adore Naafiri, elle a changé ma vie, mais ce n’est vraiment pas facile tous les jours. Après… Il est vrai que la baronne est loin d’être repoussante et son charme ne m’est pas insensible…

ARRÊTE TOUT DE SUITE !!! Je t’interdis de penser à elle, tu n’as pas besoin d’elle, tu m’as moi, tu n’as besoin de personne d’autre.

Bon sang, cela fait plus de 20 ans et j’ai encore du mal à m’habituer au fait que quoi que je pense, ma Darkin le sait. Je ne peux rien lui cacher et je ne le pourrais jamais, ce n’est pas facile tous les jours. Il y a un véritable combat mental entre Naa et moi, chacun voulant prendre le contrôle de mon corps. Je suis véritablement en train de donner toutes mes forces pour ne pas céder quand soudain, ma dague se calme d’un coup et je ressens tout de suite la raison. Elle arrive, je sens son Darkin s’approcher du restaurant, la table est réservée à mon nom donc je n’ai plus qu’à attendre qu’un des serveurs l’amène jusqu’à destination. Je me lève de ma chaise en avance, renfermant les boutons de ma veste haute couture.

Il est vrai que j’ai des habitudes ancrées en moi qui sont très tenaces. J’ai passé la plus grande partie de ma vie dans l’ombre, à vouloir être le plus discret possible alors c’était d’un naturel que j’avais demandé une table au milieu des civils. J’aime être monsieur tout le monde en public, ne jamais dévoiler mon visage. Je sais bien que mon nouveau statut de Baron va très vite m’obliger à être de moins en moins… Anonyme.

Alors je ne suis pas totalement surpris devant l’arrivée de la Baronne Glasc. Maintenant à chaque fois que je viendrais dans ce restaurant, je ne suis plus n’importe qui, l’un de plus, elle venait en quelque sorte de me donner un statut que je n’avais pas demandé. Je vais devoir m’y habituer de toute manière, ce n’est ici que le premier rendez-vous d'affaires avant tant d’autres.

Malheureusement, toutes pensées sur le futur que j’envisage pour Zaun disparaissent sans laisser de trace. Il ne restait plus qu’une seule pensée dans mon esprit. Tuer… Tuer… Son sang doit couler… Alkyone, venait de déclencher une envie meurtrière très élevée chez Naafiri en attrapant mon bras. Plus rien d’autre n’existe autour de moi, je suis machinalement la Baronne, mais je ne suis pas véritablement là. Je me devais d’être entièrement focus sur ma Darkin pour l’empêcher de prendre le contrôle.

Ma ? Ma femme ? Ce n’est qu’à ce moment-là que je reprends conscience de ce qui m’entoure. Nous étions déjà arrivés à table ? Je porte le plus rapidement possible mon attention vers ma partenaire commerciale.

Un vieil ami, il connait Zaun de fond en comble..

Je la laisse s’installer en premier sur sa chaise, faute d’avoir pu faire preuve de galanterie à cause de mon absence. Je prends place à mon tour sur ma chaise, me concentrant rapidement.

C’est la première fois que je viens ici, qu’est ce que tu me conseil ?

Je vous laisse imaginer que pendant ce temps là, dans un coin de ma tête, j’entends des hurlements demandant réparation pour cet affront. Je pourrais presque l’entendre dire “ON EN A GROS !” tellement elle dit tout et n’importe quoi. J’ai rarement eu autant de mal à la contenir sans une situation de combat. L’avantage c’est que la femme en face de moi sait ce que je vis au quotidien alors je n’ai que rarement besoin donner des justifications à la con. À vrai dire, elle est peut-être bien la seule personne dans tout mon carnet de contact avec qui je pourrais avoir des conversations sans devoir caché… Ma… Femme… La Baronne n’a pas totalement tort.

Disons que… Ça dépend des moments.

Jusqu’à maintenant, je n’ai toujours pas dévoilé à Alkyone que celle qui m’accompagne jour et nuit, est profondément jalouse, alors même si elle peut avoir des doutes, je ne pense pas qu’elle l’est comprise. Ca ne saurait tarder, il devient de plus en plus difficile de contenir toute cette haine en Naafiri.

Malgré tout, je n’échangerais ma place pour rien au monde.

Je pense que la plupart des gens comme nous, les Darkin, avons un certain plaisir à être ce que nous sommes. Pour une raison ou un autre, on encaisse, on assume et on se plait dans ce fardeau.

Alors que le serveur nous apporte des cocktails et les menus, je lui fais tout de suite comprendre que je veux un verre de whisky à la place de cet alcool festif pour les adolescents. C’est également à ce moment que la baronne décide de rentrer dans le vif du sujet sans perdre plus de temps.

Je pense qu’il est grand temps qu’on s’y mette.

Dis-je en prenant une cigarette dans ma poche pour l’allumer. Regardant dans les yeux la baronne pour essayer de décrypter ses pensées. Je ne lui proposerais pas ce qui va suivre si je n’avais pas l’intime conviction qu’elle puisse adhérer à mes projets. Que ce soit elle ou son Darkin, je ne pense pas qu’ils résistent au plaisir de détruire un système en place depuis bien trop longtemps.

Comment aborder le sujet sans trop en dire non plus ? Essayer de cacher mes ambitions personnelles pour mettre en avant uniquement le futur de notre cité. Parler en tant que Baron et non pas en tant que Jakob.

Ne penses-tu pas qu’il est grand temps que la balance soit inversée ? Zaun ne doit plus subir les inégalités que Piltover a mis en place.

Je marque une pause le temps que le serveur dépose mon verre sur la table. Sans perdre de temps, je viens le prendre en main pour le porter à mes lèvres tout en tapotant légèrement ma cigarette par-dessus le cendrier.

Il est temps que les barons et baronnes s’allient pour faire la guerre à ces chiens.

Ma haine a repris le dessus un tout petit instant et je me suis laissé emporter. Je sens Naafiri en ébullition, bien trop heureuse de ressentir ma colère. Sachant qu’elle est déjà totalement enragée contre Alkyone, je dois faire très attention avant qu’elle ne prenne le contrôle. Je l’entends encore et encore me répéter que la baronne ne me respecte pas, ne me regarde même pas et qu’elle ne mérite pas notre temps.

Par contre… Il va falloir apprendre à me montrer du respect, Baronne, ce n’est pas parce que tu es en place depuis plus longtemps que moi que je te laisserais me prendre de haut de la sorte. Je ne sais pas comment réagissent les autres avec toi, puisque la peur doit les envahir, mais ça ne passera pas ici.

Ça y est, Naafiri n’a pas pris le contrôle, mais elle a réussi à me faire montrer les crocs. Il est vrai que le respect est important et je ne tolèrerais pas plus longtemps l’ignorance dans les yeux de la belle. Alors mon regard ne lâche plus du tout le sien, même quand le serveur vient prendre nos commandes, mes yeux restent fixés sur le même objectif. Si je devais détruire absolument tout le restaurant pour qu’elle reste focus sur moi et uniquement moi, je le ferais. Elle peut voir qu’il n’y a rien d’autre que du sérieux sur mon visage, mes poings étant serrés à leur maximum sous la table.