Aimé - You're my playground love

Quelques semaines après sa naissance, sa mère réintègre sa maison close. Elle ne veut pas se séparer de lui et le garde avec elle, contrairement à ce que ses sœurs font d'ordinaire. On lui donne une petite chambre sous les toits où elle peut rester quand elle ne travaille pas. Cette petite pièce devient rapidement la chambre du bébé. Quand elle travaille, se sont les autres qui viennent s'occuper du petit, prendre soin de lui, le nourrir. Il n'est plus seulement le fils de sa mère, il est l'enfant de la Maison Rose.

Il se sent trop grand pour rester sagement dans sa petite chambre quand sa mère et les autres travaillent. Il aime se glisser discrètement dans les coins sombres pour voir ce que les adultes font. Passer derrière les canapés et sous les tables, se cacher derrière un rideau et entre deux portes. Il écoute ce qu'on dit, il observe les pièces, qui sont si belles, si richement ornées, qui brillent et qui sentent bon les fleurs et les épices, il regarde les visages qui défilent, certains le voient et lui adresse un clin d’œil. Il commence à être connu même des clients, à la maison rose.
Curieux, il observe les corps qui s'enlacent et qui s'embrassent avant de disparaître derrière l'intimité de portes qu'il n'a jusqu'alors jamais osé pousser. C'est le plus grand des interdits. Pas un seul adulte ne veut lui dire ce qu'ils se passe dans les belles chambres. Et jusque là, il a accepté que c'était des choses de grands, qu'il ne devait pas connaître. Mais il est de plus en plus aventureux. Et il a envie de savoir. Il se rapproche des clients, commence à leur parler. Il est chez lui, après tout. Il devient partie intégrante de la Maison. Il fait partie du décors.
Un jour, Madame Rose le convoque dans son bureau. Il serre les fesses, elle fait peur, Madame Rose. Mais elle n'est pas méchante, elle lui annonce simplement qu'à partir du lendemain, il va commencer à s’entraîner avec le maître des gardes. Il ne sait pas qui c'est. Mais apparemment c'est important. Il faut qu'il commence à payer pour sa place à la Maison. Qu’elle dit.

Il avait maintenant bien compris ce qu'il se passait derrière les portes des chambres. Il ne jugeait pourtant pas. C'était comme ça, c'était normal, c'était la vie à la Maison Rose. Pour autant, il n'était pas entré lui-même dans une de ses chambres. Si les plus anciennes le voyait encore comme l'enfant qu'elles avaient élevé, d'autres récemment arrivées lui aurait bien fait découvrir les plaisirs de l'amour. Mais il y avait quelque chose qui le retenait. Qui l'empêchait de franchir le pas. Il ne savait pas ce que c'était. Pourtant ils s’amusait à flirter avec elles. Il était beau, il le savait, il était sur de lui, il était fort, prometteur. Il avait tout pour plaire à ces jeunes femmes à peine plus âgées que lui. Mais il se rendait compte que son regard était d'avantage attiré par leurs collègues masculins. Et parmi eux, un tout particulièrement retenait son attention. Il s'appelait Dax. Dax n'avait pas loin d'avoir 20 ans. Dax était beau, max était drôle et Aimé se sentait toujours un peu rougir quand il lui parlait. Il en perdait même ses mots parfois. Dax faisait toujours comme si de rien n'était. Ce qui n'était pas le cas des miliciens de Vyx, ses compagnons d’entraînement, qui ne manquaient pas de le chambrer.
C'est pourtant eux qui, dans le plus grand secret, lui organisèrent un petit rendez-vous sur le toit de la Maison Rose. Un tête à tête, avec vue sur la promenade, avec Dax. Le prostitué était bien au courant de ce qu'il se passait et il avait accepté ce rendez-vous. Le plus jeune s'était retrouvé surpris quand, après ses dernières leçons, il s'était retrouvé face à au sourire charmeur du garçons qui le faisait vibrer. Il venait souvent ici, toujours seul. Mais ce soir là, Dax l'attendait, C'était son jour de repos et il avait choisi de passer la soirée avec lui, deux couvertures pour tenir longtemps dans la fraîcheur de la nuit et assez de nourriture pour tenir un siège. Manifestement ses camarades de joute n'étaient pas les seuls dans le coup. Ils avaient parlé, longtemps, ils avaient ri, ils avaient regardé les lumières de Zaun s'enfonçant dans les ténèbres de la faille, celle de Piltover au loin. Puis ils s'étaient embrassé. Son premier baiser. C'était comme si un feu d'artifices avait éclaté dans sa poitrine, il avait les mains moites et sèches à la fois, il était au comble de l'extase et dans un état de panique simultanément. Puis il s'était laissé aller à cet indicible plaisir. Savourant chaque seconde. Il avait l'impression que le temps c'était arrêté, que le baiser durait des heures et pourtant il savait que dès que leurs bouches se sépareraient, le contact de ses lèvres lui manquerait déjà.

Évidemment ce favoritisme assumé ne pouvait que faire des jaloux. Mais alors que quelques querelles stériles étaient prévisibles, Madame Rose n'avait pas vu venir l'épée plantée dans son dos par l’un de ses gardes. Elle n'avait pas vu venir sa propre mort arriver. Ni le chaos qui suivrait.
La prise de pouvoir de Jared fut rapide. En quelques heures tout au plus il avait pris le pouvoir de VYX. Ceux qui s'opposèrent à lui furent anéantis. Ce coupe d'état étant une surprise totale, ses adversaire n'eurent pas le temps de contre attaquer. Pour ses opposants survivants, le nouveau baron réserva des châtiments exemplaires. Il voulait asseoir son autorité. Le Maître se fit couper les deux avant bras, et les deux jambes sous les genoux. Le comptable se fit crever les yeux et couper la langue. Les mères et les pères, les prostitués les plus anciens qui avaient depuis pris des fonctions au sein de VYX dans la gestion des bordels et des agents de plaisir furent jetés dehors, nus, dépossédés de tout...
Pour aimé il avait choisi un sort tout particulier. Il existe un établissements où se retrouvent les clients aux goûts particuliers. C'est là qu'il était voué à atterrir. Et c'est là qu'il aurait fini, si sa mère n'avait pas intercédé en sa faveur. Si elle ne s'était pas vendue en échange de sa liberté. Si elle ne s'était pas sacrifiée pour lui. Au lieu de terminer dans les bas fonds, il fut conduit aux portes de Zaun, avec la promesse que s'il revenait, il serait écorché vif.  

Il passe plusieurs mois passés au bas du mont, à rencontrer de nouvelles personnes, à découvrir de nouvelles cultures, de nouvelles façons de concevoir l'univers, à écouter des histoires plus fascinantes les unes que les autres. Sa curiosité prends alors de plus en plus de place. Qui a-t-il là haut ? Est ce si fabuleux que ce que tout le monde dit ?
La curiosité vire à l'obsession, c'est comme si une force le pousse à monter, comme si quelque chose l'incite à entreprendre ce périple. Il n'a rien d'autre de toutes façons. Aucune attache, personne sur qui compter, aucun moyen de rentrer chez lui. Alors, un beau matin, il dépense toutes les pièces qu'il a sur lui pour acheter des vivres, quelques peaux pour lui tenir chaud, et il grimpe. Il se lance dans ce périple, plein de toutes, mais avec une conviction : il doit voir.
Son ascension est longue, ses pauses sont nombreuses, plusieurs fois il songe à renoncer. Mais il réussit à passer tous les obstacles qui se mettent sur son chemin. Sur les derniers jours, il a froid, il a faim. Mais il ne vit que pour cette obsession qui le dévore. Mais rien n'aurait pu le préparer à ce qu'il trouverait en haut, ni à cette rencontre qui changerait sa vie.  

Mais l'appel de la maison se fait toujours plus tour. Alors, aussi spontanément qu'il a décidé de monter le Mont Targon, aussi spontanément qu'il a décidé de s'installer dans ce village, il décide de rentrer. Le temps est venu. Mais contre toutes attente, le village décide de le suivre. Là où il ira, ils iront. Hors de question de le laisser partir. Ils ne sont pas nombreux, une trentaine tout au plus, et leur expédition se met en branle. Il atteignent Zaun assez rapidement, en suivant les routes commerciales. Aimé commence d'abord par se cacher, il a besoin de savoir ce que tous sont devenus depuis si longtemps qu'il est parti. Ce que Vyx est devenu, ce que la Maison Rose, sa maison, est devenue.
Il apprend avec tristesse que Dax a été tué, son affection pour lui était sincère, comme plusieurs agents de plaisir qui n'ont pas réussi à s'adapter aux nouvelles règles. Comptable s'est suicidé, incapable de supporter sa nouvelle condition. Les pères et les mères n'ont pas réussis à survivre à la violence de Zaun, ils ont tous finis par y passer, les uns après les autres. Mais on l'informe aussi de choses plus positive. Le Maître est vivant, il a été réparé, il donne des cours, dans une petite salle d’entraînement. Il reste discret. Et surtout, sa mère va bien. Elle n'est plus prostituée. Jared l'a épousé.
Aimé sait que c'est le prix qu’elle a payé pour qu'il reste en vie et la colère le submerge. Un sentiment qu'il ne ressent pourtant presque jamais. Il ne savait pas ce qu'il ferait en arrivant dans la vilel qui l'a vu naitre. Maintenant il a une certitude : il doit reprendre ce qui lui revient. Vyx  est à lui, il retrouvera son Royaume.
Fort de ses nouvelles capacités et parce qu'il ne veut pas risquer la vie de trop de monde, il décide de reprendre son territoir seul. C'est conquérent qu'il franchit les porte de la grande maison, et personne ne l'arrête, pas même une seconde. Il les connaît tous, ou presque, certains nouveaux visages semblent trops étonnés que personne ne réagisse. Ou trop éblouis par lui, par la beauté soudaine qui a émergé dans ce lieu de plaisir. Il monte cet escalier qu'il connaît par cœur et longe le couloir jusqu'à franchir le bureau de Madame. Du moins ce qui était son bureau. Jared s'est installé là, évidemment. Sa mère est là, aussi, dans un fauteuil, il remarque immédiatement sa joue tuméfiée et la chaîne à son pied. Sous l'effet de la colère, par envie de la protéger, il irradie de plus belle, plus éblouissant que jamais. Le baron est là, derrière son bureau, un air ahuri sur la face. Il ne comprend pas, il semble ne pas comprendre, comme si aimé était simplement une vision du passé venue le hanté. Mais non, il est bel et bien là. Il est réel et il est venu pour le tuer. Mais il ne semble rien pouvoir faire, il a croisé son regard et s'est perdu dans l'immensité éblouissante du ciel, il voyage parmi les étoiles, le plus beau voyage qu'il ait jamais fait. Aimé, lui, attrape le couteau posé sur le bureau, celui-là même qui a servi à assassiner Madame Rose et tandis que de ses lèvres  minces et gercées sa victime n'arrive qu'à murmurer un faible « Pitié », il lui tranche la gorge d'un geste précis. Il regarde fasciné le flot de sang s'écouler de la plaie béante, les éclaboussure s'écraser sur ses vêtements et dessiner des arabesques et des fleurs écarlates, satisfait de son œuvre. Il sort de sa contemplation quand il entend les sanglots de soulagement de sa mère, enfin libérée de son calvaire. Il s'approche d'elle, la libère et enfin il peut la serrer dans ses bras. Elle lui a tant manqué.
« Je suis rentré, Maman. »

Il a tendance à oublier que le temps passe. Quand il se regarde dans le miroir, il ne change pas. Jamais. C'est quand ils voit les autres autour de lui qu'il se rend compte que la vie n'est pas éternelles, quand il les voit de ses yeux pris d'assaut par les années. Et parmi eux sa mère. Il a vu la maladie grandir en elle. Il a regardé son corps lui échapper petit à petit, il l'a vu se dégrader cellule après cellule. Impuissant. Il n'est pas l'hôte de l'aspect du temps, il ne peut pas l'empêcher de s'écouler. Et quand est venu l'heure de sa mort, il n'a rien pu faire sinon laisser les larmes couler sur ses joues. L'Aspect s'est tut, lui aussi triste de voir cette vie s'évanouir à jamais. Le déchirement ne lui a semblé que plus dur.

Il reprend ses années d'errance. Il parcours les continents, semant la vie, de ci, de là. Il s'entoure de voyageurs, fonde des villages avec eux, ils vivent comme de grandes familles, puis il disparait. Il parcours l'ensemble de Runeterra, sans jamais vraiment se fixer nulle part. Il savoure la douceur de vivre et la beauté du l'existence. Parfois il revient à Zaun, assez régulièrement en réalité. Mais toujours plus ou moins en cachette : il passe toujours par la grande porte, mais presque personne ne sait qui il est désormais. Il vient juste saluer celui qui tient son siège à la Maison Rose. Son portrait a été exposé dans le bureau. C'est Margot qui l'a fait peindre, quand elle a senti sa fin arriver. Elle savait qu'elle ne pourrait pas attendre qu'il revienne. Alors elle a trouvé une jeune femme pour reprendre sa place et continuer la mission qu'Aimé lui a confié. Garder sa place jusqu'à ce qu'il revienne. Elle a compris que ça n'arriverait pas de son vivant. Elle l'a d’ailleurs informé de sa décision, lors de sa dernière visite. Il pensait avoir l'occasion de venir la saluer une dernière fois, mais le temps passe si vite et leurs vies sont si courtes.  
La nouvelle ne lui plaît pas autant que Margot, elle n'est pas très chaleureuse, elle l'ennuie un peu. Mais elle a l'air de bien faire son job. Et pour le peu qu'il la voit, il s'en moque bien. Il ne la voit de toutes façons que trois fois durant ses fonctions. Elle meurt jeune. Ou peut être pas. Le temps passe si vite, et leurs vies sont si courtes.
Elle a choisi un jeune homme pour lui succéder, qui lui fait toujours des courbettes quand il lui rend visite. Et ça amuse Aimé. Il lui demande toujours s'il vient reprendre sa place. Comme s'il n'attendait que de le lui rendre. Et ça fait rire Aimé. Celui-la il le voit un peu plus. Il vient un peu souvent. A force de déambuler, il n'a plus de chez lui. La maison lui manque. Mais il n'arrive pas à se résoudre à rentrer. Même quand il se retrouve dans la petite chambre sous les toits, encore peinte de maquillage. Ce baron là aussi finit par claquer. Le temps passe si vite, et leurs vies sont si courtes.
C'est son compagnon qui reprend son rôle. Il est moins jeune que les autres, quand ils ont pris leur fonction. Il sait ce qu'il fait. C'est ce qu'il fait croire en tous cas. Il est toujours étonné de voir comme Aimé ne change pas. Parfois il lui dit qu'il est jaloux. D'autres fois il lui demande comment il fait pour continuer à vivre quand tout le monde meurt autour de lui. Et à cette question, l'immortel a finalement trouvé une réponse. La mort est belle. La mort est un spectacle, une nouvelle aventure. La mort est un cadeau que chacun reçoit quand il doit le recevoir. Son temps à lui n'est pas venu, mais cela ne l'empêche pas de fêter celle des autres. Il a encore une mission à accomplir. Il a encore tant de chose à faire. Mais il a le temps, mêem s'il passe vite, puisque sa vie est si longue.

Les choses se sont vites remises en place, il a rapidement retrouvé ses marques. Vyx, qui avait perdu un peu de sa superbe au fil des décennies a retrouvé toute sa majesté. Il s'est imposé parmi les Barons et à fait comprendre qu'il serait un maillon indissociable de l'ascension de Zaun. Son objectif est clair, il veut voir grandir l'influence de VYX et de fait voir son influence, déjà conséquente, s’accroître. A travers lui, c'est l'amour, la beauté et la vie qui se propageront.