ELYSIA ■ sometimes the best thing a flower can do for us is die

Elle est née, l'instigatrice en devenir de discorde. Enfant de Noxus, carne d'ores-et-déjà abimée, à peine née. Une tare génétique, raconte-t-on, qui ne lui apportera rien de bon dans cette noble lignée. Mère s'indigne de l'idée de Père, lui qui souffle horreur sans demi-mesure. L'abandon est proclamé, l'enfant ne parviendra pas à supporter le poids de ce monde de conquête, l'attente de la noblesse de l'empire.

Deux jours de pleurs incessants, la faim prend le ventre, surpasse la peur de cet environnement méconnu, observé par deux billes rondes et noires comme la nuit. Ce ne sont que les doigts rêches de ce pêcheur issu du désert qui viennent te déposséder de ton berceau de paille, pour mieux te bercer et te rassurer. Ce n'est qu'après s'être emparé des quelques mots de Mère que l'homme s'est décidé à t'emporter jusqu'aux siens.

Fidèle à sa culture, une troupe noxienne ne tarda pas à mettre les pieds sur le sable de votre territoire, clamant conquête. Dans une tentative de paix, tes parents se sont empressés de révéler vérité t'étant toujours inconnue, présentant pour preuve la fameuse lettre, à ton insu. L'effet fut néanmoins dramatique, et bien opposé à celui escompté. Le village fut clamé par Noxus, faisant esclaves tous ses habitants pour le compte de l'Empire. Plus encore, les soldats ont tenté de te faire captive, afin de t'utiliser pour faire pression sur la famille Medarda. Dans une nouvelle tentative désespérée, le village s'est dressé face à l'envahisseur, engendrant une cohue pour te permettre de prendre la fuite. C'était un adieu, une nouvelle fois tu as perdu tes parents. Pour toi, ce n'était pourtant que la première.

Des années d'errance, en compagnie de Zahra, une jeune femme d'approximativement ton âge, avec qui la méfiance s'est transformée en amitié, si ce n'est plus encore. Elle te regardait différemment, depuis votre rencontre. Aucune peur, aucune appréhension quant à ta condition. Dans ses yeux, tu n'avais guère le sentiment d'être une abomination, seulement une jeune femme cherchant raison à sa vie, pour espérer déceler un but. La fille du désert t'a sauvé la mise plus de fois que de raison, connaissant les pièges du sable comme si elle en était l'engeance. Il n'y avait que vous, envers et contre tout. Tes mâchoires difformes, ta colonne bossue, n'existaient plus. Plus rien n'existait, seulement vous.

Vous avez survécu comme vous le pouviez, en interceptant des convois noxiens en faisant preuve de subterfuges, exploitant le sable contre ces conquérants. Vous récupériez des artefacts rapportés à Noxus, des tablettes anciennes et autres objets ancestraux. Certains, vous les gardiez pour vous, notamment une amulette que Zahra a souhaité porter à son cou. Chaque rencontre risquait d'être la dernière, néanmoins votre symbiose vous a été remarquable pour affronter les défis.

Vous êtes alors devenues de jeunes femmes. Ton regard sur elle s'est transformée, d'affection c'est devenu admiration, l'admiration est devenue amour. Jamais, n'aurais-tu pu espérer quelconque réciprocité. Mais Zahra était bien plus entreprenante que tu ne l'as jamais été, bien plus maligne également, et il ne lui fallu guère de temps à comprendre tes attitudes hésitantes se faisant de plus en plus nombreuses. Elle était ton repère, ton ancre dans cet océan de sable, et bientôt ton amante, lorsqu'un soir ses phalanges se sont mêlées aux tiennes, votre lèvres mariées de son initiative. Un vent chaud dans la cage thoracique, la découverte d'un sentiment nouveau.

Désormais, ton seul objectif a pour forme ce pic transcendant les nuages eux-mêmes. Le Mont Targon pour cible, tu mets en œuvre tout ce que Zahra a pu t'apprendre pour survivre de toi-même. Un voyage de plusieurs mois, une ascension douloureuse de plusieurs jours interminables. La faim ravageant tes trippes, la fatigue te faisant manquer d'énergie, un désespoir grandissant, celui de l'échec. Face à cette ascension, un temps marquant pour te plonger à ta réflexion, celle du pourquoi cette malédiction qui t'accable. Aucun accès ç un bonheur pérenne, aussi simple puisse-t-il être, seulement d'atrocement douloureux obstacles tapissant ta voie. Mais tu n'en démordais pas, tu espérais encore fermement obtenir toutes tes réponses, obtenir salvation.

Au sommet, la dernière prise t'a semblé être fatale. Tu pouvais enfin relâcher, relâcher toute cette pression, pour un sommeil profond et réparateur. Tu ne t'attendais pas ce qu'il soit le dernier, lorsque tes paupières se sont closes. Réveille-toi, mon enfant. Le Chaos ne fait que commencer.

Un souffle nouveau permis par la simple manifestation d'une entité transcendant les astres. Un voile de fumée scintillant, au regard nébuleux, planant dans l'air. Tu t'imaginais un mirage, alors que tes billes noires se posaient sur la silhouette. L'entité s'est présentée comme un être stellaire, outrepassant la frontière du royaume céleste pour se présenter à toi. L'incarnation pure du Chaos et de la Discorde, émanant une aura lugubre et éthérée. Sans la moindre hésitation, tu l'as interrogée sur tes doutes les plus profonds. L'horreur en guise de réponse, lorsque l'entité t'informe du mensonge de ta vie quant à tes origines réelles. Pire encore, lorsqu'elle admet sans demi-mesure, être à la source de tes malheurs. C'est sa nature chaotique, qui a entraîné le chaos de ton existence, pour te conduire jusqu'à ce moment précis, jusqu'à elle. Oui, tu as été choisie, quand bien même tu n'as guère idée des implications réelles de ce choix. Mais tu n'as guère l'énergie de t'offusquer, de te laisser aller à ta rage. Il t'est offert un autre choix, celui de devenir l'Hôte de l'entité, t'offrant l'opportunité d'une revanche. De ne plus être la faible Eris, mais de devenir quelque chose de plus grand encore. Tu aurais toutes les raisons d'haïr l'entité, un seul mot te vient. Oui.

Les torts réparés, te voilà désormais femme, un corps transcendant le concept de beauté, des billes troquant le noir sans âme pour un violet divin, le mystique attaché à une parure des plus élégantes, et le gain d'un savoir et de pouvoirs qui dépassent l'imaginaire. Une cohabitation difficile de prime abord, mais qui vint rapidement apporter son lot d'avantages. Il en était terminé de la pauvre Eris. D'un commun accord, vous avez toutes deux opté pour le prénom d'Elysia. Quant au nom... Malgré la trahison, Zahra a été un tournant dans ton existence. Un amour marqué au fer rouge, ainsi, tu t'es inspirée de son nom pour adresser ta nouvelle identité. De Valrenth, venant comme une naturelle dénomination.

Avec le savoir vient la compréhension, cette amulette portée au cou, pleine de mystères jusqu'alors. Cela a été naturel d'en apprendre les secrets grâce à l'Aspect, activant d'une langue perdue la symbiose du corps avec l'artefact, désormais synchronisé. L'Amulette de Nythra, une région éteinte et ancestrale, dirigée par Quatre Sœurs aux pouvoirs divins et complémentaires, dont les cœurs ont été enfermés dans des gemmes formant l'artefact. Du moins, ce sont ce que les histoires content... Désormais, elles sont tiennes.

Les premiers bas de la Brume Noire viennent ravager le sud de Shurima, provoquant rage et tristesse dans ton esprit. Pire encore, l'impuissance face à cette menace venue des Îles Obscures. Au-delà de ravager tes terres, l'émergence de la Brume a été un calvaire pour les affaires. Désormais à la tête de la Rose Noire, ainsi que siégeant au Conseil de Piltover, toutes tes ambitions reposaient sur les échanges entre régions, si bien en guise d'artefacts et autres marchandises, qu'informations. Brume qui, ne tarda pas à s'en prendre aux autres terres, jusqu'à s'attaquer à Noxus. Ayant déjà un pied bien ancré sur le sol Piltovien, déporter l'organisation n'a guère été une difficile affaire, bien que des pertes ont été à déclarer, outre la désorganisation momentanée de la cabale. Un nouveau défi se présentant alors, mais un terrain de jeu facilité par le rassemblement dans la Cité, de la quasi totalité des régions de Runeterra. Un sourire carnassier, pour l'Impératrice observant dans l'ombre, les intrigues les plus folles se jouer.