❝ is it lovely, all alone? heart made of glass, my mind of stone. ❞ feat. Alkyòne

Assise en tailleur sur un tapis, tes doigts étaient plongés dans le poil d’une des bêtes qui dormaient à moitié à côté de toi, bercée par son souffle. Laquelle de Chaos, Abysse ou Néant ? Tu n’en savais rien, ils allaient et venaient à leur guise sur le carrelage de cet immense logement de blanc et or, si lumineux et spacieux de Piltover. Tu n’avais pu te résoudre à les laisser si longtemps à Zaun et pourtant ils auraient pu être un rappel constant de ta présence là bas…

Le regard perdu dans le vague, tu n’adressais aucune attention aux trois misérables caisses encore intactes posées au coin d’une table : ton peu de possession que tu avais emporté d’outre-tombe. Le reste ? Tout était déjà présent, ou à été acheté pour combler le vide. Les espaces vides. Les échos creux. Des pièces entières complètement vides. Ce n’était qu’une demande, un ordre, un devis signé, un prix oublié ; dans un élan de vanité tu avais demandé le meilleur, tu voulais le meilleur de Piltover et tu l’as eu.
Quelle immense foutaise, quel étrange tableau parfaitement équilibré signé par Piltover. Une illusion parfaite de cette vie que tu ne possèdes pas vraiment, un ramassis d’hypocrisie ; la même que tu portes jusqu’au bout de tes ongles.

Sur l’un des murs était accroché une immense tapisserie qui représentait la grandeur de Piltover, avec un soleil rayonnant en fond, baignant le reste de rayons tissés à l’or. La première fois que tu t’es tenue face à elle, tu avais été incapable de retenir cette émotion virulente qui est montée dans ton coeur : si tu avais été tentée de la déchirer ou la réduire en cendres… Aujourd’hui, elle était toujours là. Elle attendait sa Jumelle - que tu avais commandé il y a quelques semaines déjà - que tu accrocheras sur le mur d’en face. Un rappel constant de ton propre jeu, mais aussi des origines et des ambitions de la fondatrice des industries Glasc.

Trois coups secs.

Un soupire t’échappait et d’une nonchalance certaine tu te levais : le tissu fluide et léger de ta robe pourpre retombait sur ta peau de porcelaine dans un bruissement léger. De simples bretelles tombaient sur tes clavicules, laissant tes bras nus. Des chaînes d’or étaient visibles contre ton cou et tes épaules, disparaissant sous le tissu qui te drapait. Tu n’étais pas habillée pour recevoir, toi qui traversait la pièce pieds nus. Tu t’arrêtais dans ton élan pour laisser passer Abysse qui pourchassait seule la Dame Grise savait quoi. A vrai dire, tu n’attendais personne. Les ordres avaient été clairs.

« Officer… »

My little dumb dumb… Can't you feel the power? Don't you recognize it?
Quoi ? Que… Non.

Ton cœur putride, il ratait un battement.

Tu en oubliais de respirer alors que la membre de la police piltovienne pénétrait les lieux sans y être invitée. Ta main était toujours poussée contre la porte ; un élan de colère grondait en toi.

Porte close, l’illusion s’estompait joliment.

Les dents serrées, si ton visage était placide, tes mâchoires trahissaient ton émotion ; cette même émotion qui éveillait à présent ton palpitant. « I’ve heared you now please us with your presence. »  Léger sourire en coin de tes lippes. Tu osais poser tes prunelles sur celle que tu ne saurais nommer. Il y avait trop de noms, trop de souvenirs, trop de choses contradictoires… mais une certitude : se méfier d’elle, encore et toujours. Se méfier de ses mots cruels mais plus encore de ses silences, de sa bonté, de ses baisers.

Tu la voyais de dos et pourtant tu étais certaine qu’elle n’avait pas changée, pas vieillie. Juste comme avant, comme hier et demain, telle une pierre immuable, tel le cosmos inatteignable.  You promised. You weren't supposed to see them anymore. En l’instant, il n’y avait que le mépris qui dévorait ta gorge… et tu l’avales.
Docile.
Encore.

« It is a shame, though, that you forgot where you belong. And to whom. »

They can't look at us. I’ll gouge out their fuckin’ eyes. Quelle était cette détestable sensation qui t’envahissait ? Look at me. Quelle honte ! Mais étais-tu capable de comprendre, de nommer, de taire tout ce qui pouvait te traverser en présence de la matrone de la Rose Noire ? Non, bien sûr que non, et à quoi bon !

« And I suppose you've come to remind me? What an honor this is... moving all the way up, just here. To me. My Empress. »

Moquerie à la bouche, sourire sardonique aux lèvres, reproche ponctué.
Toujours aucun regard accroché, frustration qui rumine.

La reine demande, la reine réclame, la reine daigne accorder un éclat d’attention.
Tu réfrenes cette envie de lui cracher au visage, de laisser un élan de violence la faucher, la toucher, la heurter. Briser ce masque de porcelaine hautain pour découvrir la vérité.
Non, non, tu ne pouvais pas rester auprès d’elle, répétant ainsi inlassablement les mêmes erreurs.

Lentement tu suis à distance ses mouvements félins pour rejoindre les pièces de vie, laissant loisir aux traits de ton visage se détendre légèrement, ton regard courant sur elle, ici, ailleurs, encore elle, toujours elle. Stop it. Tu sais le pacte que tu as passé avec l’Aspect, avec l’humaine, avec le Darkin, avec toi même, avec tous ces êtres ici et ailleurs ; tu t’y noyais dans ces engagements creux, vitaux, nécessaires, impossibles, dangereux.

(...)

Le thé infusé fumait dans la tasse posé face à elle, face à toi.

Lentement, tu t’asseyais dans l’un des canapés du salon, face à elle.

« You've got your tea. Let's talk. »

Ta langue se glissait légèrement sur tes lippes pour les humecter.
Ton regard quittait la belle pour rejoindre les trois molosses qui apparaissaient brusquement à vos côtés. Leurs regards étaient posés sur l’inconnue, sans savoir comment ils devaient l’accueillir.

Un claquement de langue de ta part et un mouvement de main, les voilà à s’éloigner… jusqu’à quand ?

« I’ve come to remind you your eternal debt. » Endless.

« She should be dead already. »
« Accept your own decisions. » faisais-tu écho, dans le dos de l’Aspect, la voix grave et basse du darkin distillée dans tes intonations. Ronronnement presque suave, menace voilée, promesse étriquée. Horazi n’est pas aussi patiente que toi, rappelle à l’ordre sans aucune émotion et attachement aucun.

(...)

Doucement, tu croisais tes jambes - en direction opposée à la belle vénéneuse - ton bras posé sur le dossier du canapé. Tes opales se posaient de nouveau sur Elysia d’une lenteur presque exagérée, comme si tu avais diablement peur de sentir tes iris brûler à sa simple vue... Si seulement ! Cela serait probablement plus simple et radical ! Un rappel constant, une cicatrice réelle ancrée dans ta chair, visible, avec laquelle tu vivrais chaque jour ! Que portais-tu à l’heure actuelle, si ce n’est des souvenirs, des émotions disloquées, une loyauté bafouée ? Peut-être était-ce tout ce que tu désirais aujourd’hui : qu’elle ose porter un coup, qu’elle signe la fin de cette comédie, qu’il ne subsiste rien d’autre que le pouvoir et la haine.

Pourtant, tu ne peux pas t’en empêcher… C’est plus fort que toi, comme une vulgaire mouche attirée par le nectar sucré : tes yeux se portent sur elle, sur ce visage immuable, sur ces boucles onctueuses, sur ces yeux violets, sur cette robe… Ton sourire amusé dévoile la blancheur de tes dents et tu expires un peu plus longuement qu’accoutumée, discrètement. Chaos is clever.  She’s always be. Tu ignores qui de Chaos à Elysia a eu cette idée, mais l’hôte est parfaite pour son autre ; ils refusent l’équilibre, encore et toujours. Et ce qu’elle vient de semer en toi est une graine d’anarchie, promesse d’une discorde supplémentaire qui viendra défoncer tes pensées, véritable foutoir. Et cela t’agaces qu’elle puisse réussir ses manoeuvres, encore et toujours ; tu es si prévisible que tu sens ta colère venir se fondre dans la haine du Darkin.

Toute son attention t’es alors destinée et tu ignores ce que tu préférais alors : qu’elle soit là, pleinement là, ou loin. C’est toujours tout et son contraire ; tout ou rien ; jamais un juste milieu équilibré, sain. Non, tout doit être prédiction de tourmente.
Tu avais oublié à quel point cela n’avait aucun sens, que ni toi, ni Horazi ne désiraient les mêmes choses et cela avait toujours été épuisant face à elle, face à Chaos.

Alors qu’elle prend enfin véritablement la parole, tu es simplement concentrée sur toi-même et surtout sur cette pierre chaude collée à ton derme, sur l’effet des mots d’Elysia sur ton autre toi. Tu sens le Darkin s’agiter et tu ressens doucement la peur éclore en toi. Cette même peur qu’Horazi est capable de ressentir et de s’en abreuver. Alors, tu récites dans ton esprit des mouvements et des positions militaires, pour empêcher cette peur d’éclore et qui permet de distraire la Darkin, soudainement agacée par toi.

Tu offres le silence. L’impératrice n’a pas terminé. Et tu sais que cela lui ferait tant plaisir, trop plaisir que tu commences à te justifier.

« We had a deal. And I had plans for you. You missed years of reports… »
« Am I ? »

Sourire moqueur, encore.

Claquement de talons, voilà la reine levée. Tu ne bougeais pas de ton canapé quand bien même le rapport de force était une fois de plus déséquilibré. Tu savais au fond de toi, que si elle te voulait réellement du mal, elle n’aurait pas pris la peine de tant de bavardages… ou du moins, l’espérais-tu.
Elle s’approchait : imperceptiblement, tu sentais tes muscles se contracter quand bien même tu gardais le menton haut ; vous ressentiez et visualisiez la moindre molécule de sang autour de toi. Horazi et toi, vous vous sentiez agressées par cette même approche.

Pourtant, elle ne fait qu’attraper ton paquet de cigarettes ; lorsqu’elle se penche vers toi, tu détournes doucement le visage, éloignant ton visage et tes lèvres du sien, ton regard porté au loin.
Tu n’arrives pas à retenir ton souffle, tu ne peux t’empêcher, petite obsédée en manque que tu étais : une inspiration et tu humais le parfum de la belle… et quel parfum ! She's manipulating us. Like always. Les souvenirs, tu les repousses. Les pensées, tu les ravales. Le terrain n’était pas encore parfaitement fertile et propice à ta perte de moyens : tu t’empêchais d’y penser, tu refusais d’être touchée par ces détails.

Bientôt, la menace perlait enfin de ses lèvres : tu échappais un léger rire moqueur.

« So tell me, Alkyòne, why shouldn’t ?! »
« It's the same old story, darling. If you really wanted that, it would already be done. And you know… You know ! Such a pleasure it would give me to face you. Alone. Together. Again. »
Ton sourire s’agrandissait encore un peu, mesquin.
« What are you afraid of? Not being enough? Or… of losing too much after my imprisonment? »

Alors qu’elle attrapait sa tasse de thé - que tu mourrais d’envie de fracasser sur son maquillage parfait - tu étendais l’une de tes jambes, pour la poser sur la table.

Silence.

« Also, shall I assume that you intend to settle here permanently? »
« Let me guess. You’re crazy about it? »

Nouveau rire, plus court, plus froid.

Tu levais les yeux au ciel, ton nez, puis laissais ta tête se reposer contre le haut du dossier du canapé. Tu ne l’observais plus, tu respirais presque mieux.

« So… You wanna keep using me... I can make an little effort. »

Tu échappes un léger soupire, presque théâtral.  

« What's in it for me? For us? You don’t holding us with our lifes. »

Doucement, ta tête roulait sur le côté, reposant alors ton regard sur Elysia, un sourire amusé aux lèvres. Ton expression n'était pas agressive, simplement amusée, presque je-m'en-foutiste.
C'était un jeu.
Son jeu : elle t'avait appris les règles.
Alors tu jouais, trichais peut-être ?

Elle ne prenait aucune responsabilité, retournait encore une fois la situation. Ses menaces devenaient les tiennes. Tu ne pouvais t’empêcher d’échapper un : « Tsss… » expirant un peu plus longuement qu’accoutumé pour marquer ton agacement ou ton désespoir - difficile à dire.

Voilà qu’hôte et Aspect prenaient alors la parole tour à tour. Ton regard à toi, il allait et venait sur un détail autour de toi, à elle, ailleurs encore, sa gorge. Tu écoutais parfaitement et tu restais sagement muette en les laissant développer leurs pensées. Et l’agacement grossissait de plus en plus en toi, et telle un remue de vague : il allait et venait. Tantôt tu ressentais cet agacement te brûler la bouche, à tel point que tu serais capable de lui couper la parole pour mettre fin à cette comédie. Tantôt, tu le sentais se retirer, le calme revenait à toi : tu n’avais plus envie que la situation s’envenime.
Tu ignores qui, du darkin à toi, possède quelle émotion. Pour toi, ce n’est qu’un équilibre précaire.

Tu fermes les yeux tout en continuant à l’écouter. Tu n’as pas besoin de l’observer pour savoir qu’elle est en train de nouveau venir à toi. A chaque molécule d’hémoglobine qui coule dans ses veines, tu les visualises venir à toi. A chaque once de pouvoir qu’elle exulte, tu y es sensible et tu le ressens. A chaque pas, tu entends ses talons claquer et le bruissement du tissu de sa robe.
Mais sa voix au creux de ton oreille ? Son souffle chaud contre ta joue ? Un sourire se glisse sur tes lippes l’ombre d’une seconde, disparaît tout aussi vite.

Tu inspires et te redresses un peu, ouvrant les yeux pour contempler cette promesse dangereuse qu’elle te fait là. Évidemment, cette illusion plaît cruellement à Horazi, tu n’as pas besoin de communiquer avec elle, tu le sais : elle vit pour cela. Le chaos et la destruction. Elle détruit là où tu essaies de reconstruire. Parfois tu n’y arrives pas, parfois tu n’as pas la force de lutter.

Ton murmure s’élève doucement, sans l’observer : « So, you’re threatening to kill me and imprison her, to take us down. We heard you. So I’ll say it again. What do you want? Our eternal devotions? No, you can’t have them. You’ve kept us alive, thanks again for that. I would never have found Horazi without you. Do I blame you? I could, but I don’t…  I’ve learned to live with it, I accepted my fate. I wasn’t destined to become… whatever it is. Do you want to kill us? Kill us. I’m not going to beg for my life or for her life. Do you want to take us down? Do it. Am I naive? Will you train me, so? You’re free to do so! Don’t make me responsible for your decision. I’m not going to provoke them. And.. I never talk about the Black Mist. I never think about it. »

Doucement tu te tournes vers elle, et tes doigts viennent se glisser autour du poignet de l’impératrice. Ta peau semble brûlante face au contact glacial de son derme.
Cette fois-ci, ce sont tes yeux qui cherchent les siens. « I know perfectly what I want, and what I should want. Do you? I can’t work for you, but I can work with you. For this illusion, promise or something else. I don’t fuckin’ care what it is. As long as you’re here. »

Tu réprimes à peine ce rictus contrarié qui prend tes lèvres, avant que ton visage ne se détende de nouveau.

Tu relâches ce poignet, te détournes et te lèves.
Ton regard passe sur la pièce, cherchant un instant une idée, une émotion, quelque chose à quoi te rattraper.
Tu glisses tes doigts dans tes cheveux pour les ramener en arrière et inspire profondément, ta poitrine se soulevant.

« You know it. You’ve always known. My silence expressed it well enough. »

Dos à elle, tu serrais tes doigts contre ton poignet. La colère est si grande, la frustration palpitante. Tu avais envie de vomir ta faiblesse.

Une respiration de plus et tu allais vers elle, la rejoindre derrière ce canapé.

Le menton haut, le port altier, le regard franc.

Tu t’arrêtais face à elle et l’observais quelques secondes.

« Do what you have to do. »

Tu sentais la pierre devenir brûlante contre ta chair.

Un doux sourire vint draper tes lippes.

« You were not supposed to meet this Destiny, indeed. You were supposed to rule by my sides. Fate decided otherwise. » Tu n’as pas envie d’y penser, pas encore, pas aujourd’hui, ni demain. Tu as déjà vomis cette détresse, machouillé cette amertume. Oui, ta vie aurait pu être différente si tu n’avais pas été charmé par Horazi, si Demacia t’avait appris plus de choses sur les célestes, sur les Aspects, sur l’Ascension, sur le Mont Targon. Oui, tu avais été idiote et tu l’es probablement encore. Tu t’es faite trompée par le Darkin et… I saved your life, you little shit! She’s manipulating you, again! She doesn’t care about you! Never! Qui croire ? C’était toujours l’éternelle question, entre Horazi et Chaos, entre Horazi et Elysia.

Tu es là, si proche d’elle. Elle qui touche tes cheveux, cherchant sans doute encore à te charmer. En avait-elle besoin ? Probablement pas, charmée, tu l’avais toujours été. Sensible à son charme, sensible à son pouvoir, sensible… A bien trop de choses qui appartenaient à cette femme. « (...) We can have control, by taking it. » Don’t you dare. You are too weak to control me. I’m collaborating with you, you don’t control me. Pourtant l’idée était plaisante, terriblement alléchante… Mais le simple fait d’y penser ne faisait qu’agiter un peu plus Horazi, rendant un peu plus brûlante encore la pierre de magnétite posée contre ta chair.

Bientôt, tu es face à elle. Tu as la sensation d’être un papillon attiré par la lumière. Évidemment que tu t’y brûleras les ailes et plus encore… Mais n’était-ce pas cette promesse de danger, de douleur, d’horreur qui t’attirait aussi ?
Elle est là, celle que tu as évité pendant trop d’années, celle que tu as tenté d'oublier. Elle est là, bien réelle et elle lève ses doigts vers la magnétite. La touche. Damn you. Qu’allait-elle faire ? Tu es dans l’attente, sur un fil, prête à basculer. Peut-être ne serais-tu plus dans quelques secondes. Tu ignorais comment cela allait se passer…. Allais-tu simplement basculer et devenir poussière ? Allais-tu te tortiller de douleur à ses pieds et mourir dans d’atroces souffrances ? Est-ce que cela allait subitement s’arrêter, en douceur, sur un souffle et tout disparaîtrait ? L’idée était presque alléchante… Oui, tu ne seras jamais prête mais tu l’es bien plus aujourd’hui qu’autrefois. We’ll fight for it. Cette simple perspective ne t’emballes guère. Horazi, la question ne se posait pas, mais toi ? Non. Tu l’accepteras tout simplement. Et quelles horreurs pourraient faire Horazi ?

Ta force mentale se trouble, ton contrôle sur le Darkin aussi. Elle ne veut pas attendre la décision de Chaos, non, elle brûle d’être maîtresse de sa vie, de sa liberté relative ! Alors, tu serres les dents, libérée de la brûlure de la magnétite qu’Elysia soulevait.

« Not what I have to. »  Tes prunelles reviennent à son visage, le souffle coupé.
« What I want to. »  Same old story. Manipulation and power.

Ses lèvres viennent aux tiennes. Tu réalises à quel point tu avais oublié cette saveur délicieuse, cette sensation qui faisait palpiter ton cœur. Tes doigts se glissent dans les cheveux bruns de la belle.
Si la pierre se calme presque brusquement, toi, tu te sens soudainement vivante, palpitante, fébrile, accro à cette sensation agréable que tu ne t’étais pas autorisée depuis longtemps. Pire encore, que tu n’avais pas à retrouver contre quelqu’un d’autre. Tortueuse sensation. Tu sais que ce n’est pas bon pour toi, depuis toujours, pourtant tu y reviens toujours…

Le moment est suspendu à un fil, tu restes là, le cœur déboîté, le souffle court, les prunelles rivées à son visage, son parfum t’embaumant. Tu l’observes, tu l’écoutes. « Consider this as a pact sealed between us. Or a devil’s deal. Call it the way you want to. » Tes yeux quittent les siens pour souligner ce sourire sur ses lippes. Tu ne peux pas t’en empêcher, tu souris toi aussi, un peu plus franchement. « As usual. I guess I like it too much. » Tu retiens ton soupire, tu l’avales et tu te permets de détailler son visage quelques secondes. Ce sont toujours, inlassablement, les mêmes questions, les mêmes dilemmes. Peux-tu réellement lui faire confiance ? Non, jamais, toujours profiter en s’attendant au pire, en restant sur tes gardes car tu ne sais jamais d’où peut provenir le prochain coup de maître de l’Impératrice.

Tu as tant de choses à lui dire, tant de choses à lui faire comprendre ou entendre, pourtant tes lèvres restent closes. Rien ne sort : par pudeur, par fierté, par jeu de manipulation, tu n’en sais rien, tu n’es qu’un pantin désarticulé jeté en pâture.

Ton pouce effleure sa lèvre inférieure, et tu reviens l’embrasser, tout aussi langoureusement qu’elle, d’une impulsion égoïste et primaire, d’un désir que tu sens brûler dans ton être trop ardemment, si maladroitement. Son corps se rapproche du sien, ton autre main glisse sur sa hanche.
Tu as envie de l’accrocher, de la garder, pourtant ce ne sont que quelques secondes dans l’éternité, qu’ont-elles comme poids ?

Bientôt, tu t’échappes, tes lèvres effleurent sa joue. Tu respires l’odeur de sa peau, de sa chevelure, de ce parfum qu’elle porte et connaît si bien et si mal. Tu tentes de retrouver un semblant de calme et de réfréner cet ouragan dans ton être, éternelle naufragée que tu es. Pourtant, n’est-elle pas là, ton ancre, juste face à toi ? Tu n’en sais rien, tu le croyais il y a longtemps mais tellement de choses ont changé.
Tu murmures alors : « I guess I’ve missed a lot. »  Tes doigts perdus dans sa crinière descendent lentement pour effleurer cette gorge qu’elle t’a tant montrée les minutes précédentes. Tes ongles frôlent le derme fragile et pâle : tu te vois déjà marquer si facilement cette peau, pour te l’approprier de nouveau mais tu n’en fais rien. « How…. are you? »  It’s a mistake. You promised. You are breaking your words.